1767-09-12, de Voltaire [François Marie Arouet] à Louis François Armand Du Plessis, duc de Richelieu.

J'ay fait prier monseigneur notre résident de passer chez moy.
Je vous avais prévenu que je n'allais plus à Geneve; et d'ailleurs quand l'entrée de cette ville serait permise aux Français, l'état où je suis ne me permettrait pas de sortir. Nous avons eu une longue conférence, et le résultat a été que la première fois qu'il aurait l'honneur de vous écrire, il ne manquerait pas de vous rendre ce qu'il vous doit. Voylà ce qu'il m'a dit en présence de ma nièce.

Je reçus sous votre enveloppe hier au soir une lettre pour Galien, et je la luy ay envoyée aujourduy de grand matin.

Voicy une très grande partie des frais qui restent à payer pour luy. Comme la somme montera à près de huit cent livres indépendemment de ce que vous avez bien déjà voulu donner, et de quantité de menus frais qui n'entrent pas en ligne de compte, je n'ay rien voulu faire sans vos ordres exprès. Jusqu'àprésent il n'a paru aucun mémoire considérable par luy même. Je payerai tout sur le champ selon l'ordre que je recevrai de vous. Voylà je pense touttes vos commissions remplies.

Il ne me reste qu'à vous souhaitter un agréable voiage, et à recommander la Scitie à votre protection, en cas qu'on ait des spectacles à Fontaineblau. J'avoue que j'aime la Scitie, pardonnez moy ma faiblesse, et joignez l'indulgence à vos bontez.

Vous voyez que j'écris régulièrement tout malade que je suis, dès qu'il s'agit de la moindre affaire. Je regreterai Galien qui me valait des ordres de votre part.

Nous avons icy baucoup de trouppes, notre petit pays en est charmé.

J'écris dans l'intervale de la fièvre.

Agrées mon tendre respect.

V.