1767-08-05, de Voltaire [François Marie Arouet] à Étienne Noël Damilaville.

Mon cher ami, Lacombe me mande qu'il imprime le mémoire que je n'avais présenté qu'au vice-chancelier, aux ministres et à mes amis.
Je compte même en mettre un beaucoup plus grand et plus instructif à la tête de la nouvelle édition du siècle de Louis 14. Cette nouvelle édition consacrée principalement aux belles lettres et aux beaux arts, est augmentée d'un grand tiers. Je n'ai rien oublié de ce qui peut servir à l'honneur de ma patrie et à celui de la vérité. J'espère que cet ouvrage aussi philosophique qu'historique aura l'approbation des honnêtes gens. Mais si m. Lavaysse veut que ce monument que je tâche d'élever à la gloire de la France, ne soit point souillé par la réfutation des calomnies de Labeaumelle, il ne tient qu'à lui d'engager le libraire à en suspendre la publication jusqu'à ce que celui qui a outragé si longuement et si indignement la vérité et moi, reconnaisse sa faute et se repente. Je ne puis qu'à ce prix abandonner ma cause; il serait trop lâche de se taire quand l'imposture est si publique.

Je suis très affligé que le coupable soit le beau-frère de mr de la Vaysse, mais je le fais juge lui même entre son beau-frère et moi. Je vous prie de lui envoyer cette lettre, et de lui témoigner toute ma douleur. Je vous embrasse bien tendrement.

V.