1767-07-11, de Voltaire [François Marie Arouet] à Étienne Noël Damilaville.

Il est trés certain, mon cher ami, que les protestants de Guienne sont accusés d'avoir voulu assassiner plusieurs curés, et qu'il y a près de 200 personnes en prison à Bordeaux pour cette fatale aventure qui a retardé l'arrivée de m. le maréchal de Richelieu à Paris.
C'est dans ces circonstances odieuses que l'infâme la Beaumelle m'a fait écrire des lettres anonymes. J'ai été forcé d'envoyer aux ministres le mémoire ci-joint. C'est du moins une consolation pour moi d'avoir à défendre la mémoire de Louis 14 et l'honneur de la famille royale, en prenant la juste défense de moi même contre un scélérat audacieux, aussi ignorant qu'insensé. J'ai toujours été persuadé qu'il faut mépriser les critiques, mais que c'est un devoir de réfuter la calomnie. Au reste j'ai mauvaise opinion de l'affaire des Sirven. Je doute toujours qu'on fasse un passe-droit au parlement de Toulouse en faveur des protestants, tandis qu'ils se rendent si coupables, ou du moins si suspects. Tout cela est fort triste; les philosophes ont besoin de constance.

On dit qu'il n'y a point de m. Mercier, que c'est un nom supposé. Cela est il vrai?