24 juin 1767
Celui qui a été assez heureux pour recevoir du noble inconnu un recueil de vers pleins d'esprit & de grâces, présente sa respectueuse estime à l'auteur de tant de jolies choses.
Il admire comment l'inconnu peut écrire si bien dans une langue étrangère. Il admire encore plus la générosité de son cœur. On serait heureux de pouvoir jouir de la conversation d'un jeune homme d'un mérite si rare. On n'ose pas s'en flatter. On connaît quels sont les liens des devoirs & des plaisirs. Il n'appartient qu'aux souverains & aux belles de jouir du bonheur de le posséder. Quand il voudra se faire connaître on lui gardera le secret.
En attendant on bénira le ciel d'avoir produit des Messala & des Catulle dans le pays où l'on prétend, que les compagnons d'Attila s'établirent. Il est prié d'agréer tous les sentiments qu'il inspire, & le respect d'un homme pénétré de son mérite.