24e May 1767, à Ferney
Vous croiez bien, Madame, que je ne perds pas un moment à éxécuter vos ordres.
J'écris aux personnes à qui vous m'ordonnez d'écrire. Je ne suis pas peut être trop en droit de prendre cette liberté, mais la cause me parait si bonne, et je suis si attaché, Madame, à Monsieur De Beaumont et à vous que les ministres ne trouveront point ma hardiesse déplacée. Je ne crains que celui qui a fait obtenir des Lettres patentes à vôtre adverse partie. Je ne sçais s'il sera comme César qui trouvait très bon qu'on appellât de lui même à lui même.
Vôtre affaire m'intéresse si vivement que j'abandone celle des Sirven jusqu'à la pentecôte. Les amis doivent passer devant les étrangers. D'ailleurs, les Sirven sont tellement justifiés aux yeux de l'Europe par l'éloquent mémoire de mr De Beaumont qu'ils peuvent aisément attendre quelques semaines.
Agréez, Madame, mes tendres respects, et vous, généreux protecteur des droits de l'humanité, et légitime deffenseur des droits de vôtre femme, vous qui plaidez pour vôtre maison comme Cicéron, j'espère que vous gagnerez vôtre cause comme lui.
Envoiez moi, s'il vous plait vôtre mémoire à deux colonnes par mr D'Amilaville. Je vous embrasse bien tendrement.
Je vais écrire aussi à mr D'Argental; mais envérité vous n'avez pas besoin qu'on solicite en vôtre faveur.
V.