30 janvier 1767
Voici une lettre, mon cher philosophe, qui vous surprendra autant qu'elle m'afflige.
Voyez s'il y a quelque remède et si vous n'avez pas chez vous un cahier qui aille jusqu'à ces mots: Qui disputaient pur savoir ce que les parties eucharistiques devenaient après la digestion. Car depuis ces mots il ne manque rien. Tout cela est la faute de Cramer, qui n'a pas voulu se charger de la besogne. Les esprits sont si troublés à Genève qu'il n'y a aucun genre dans lequel on ne fasse d'énormes sottises. Nous en souffrons plus que personne dans notre petite retraite de Ferney. Nous ne pouvons avoir des vivres qu'avec des peines incroyables. Je ne m'étais pas retiré là pour soutenir un blocus; c'est encore la moindre des peines que j'éprouve.
Vous pouvez m'envoyer copie du cahier perdu par l'ami d'Amilaville.
Embrassez pour moi, je vous prie, notre illustre et nouveau confrère et tous ceux qui sont dignes d'être de vos amis.
Adieu, je suis bien vieux, bien malade, bien malheureux et je vous aime de tout mon cœur.