1767-01-20, de Cosimo Alessandro Collini à Voltaire [François Marie Arouet].

Mon cher Protecteur,

Depuis le 27 du mois de Novembre dernier que je partis de Mannheim, j'ai toujours rôdé, soit dans le Brabant où j'ai vû Bruxelles, soit en Hollande où je me suis arrêté, à Rotterdam, à la Haye, et ici.
Je comptois passer la mer et voir Londres, Mais les pyrateries des Hollandois [j'entends des aubergistes]a ont dérangé mes finances, et en même temps mes projets. Le froid qui a été ici des plus horribles, et qui est encore violent, ne m'empêchera pas de partir pour Paris, où je compte être dans une quinzaine de jours. Si vous voulez daigner m'être de quelque secours dans cette ville, et me donner quelques unes de vos Lettres, si vous voulez m'honorer de quelque commission qui demande une personne sûre et zélée, vous me ferez le plus sensible de tous les plaisirs. Dans ce cas, j'ose vous indiquer ci-dessous une adresse à la quelle vous pourrez m'écrire aussitôt que vous le jugerez à propos. Je voudrais en quittant Paris, pouvoir ensuite venir à Ferney.

Quel bonheur ne seroit-ce pas pour moi! Permettez que je demande ici à Made Denis ses ordres, et que je l'assûre de mon profond respect.

Je vous souhaite mille ans de vie, et une santé plus ferme. Vous connoissez quels sont mon attachement et ma reconnoissance pour vous. J'ai l'honneur d'être avec un profond respect

Mon cher Protecteur

Votre très-humble et très-obéissant serviteur

Colini

Mon adresse

à . . . Colini Secrétaire Intime de S. A. S. E. Palatine,

chez mr le Comte de Krückenbourg

Ministre Plénipotentiaire de Mgr l'Electeur Palatin à Paris