Mannheim ce 31e Janvier 1771
Mon cher Bienfaiteur!
Comment pourrai-je reconnoître le Bienfait que je reçois de votre part?
C’est donc un présent que vous me faites, que les Cent Ecus que vous m’avez fait payer! Je ne puis mériter ce présent que par l’attachement véritable que j’ai pour vous. Recevez mes remercîments, ceux de ma femme, ceux de tous mes [e]nfants. Cest une famille à la quelle vous avez voulu faire [d]u bien, et ce n’est pas la seule qui vous doive son bien-être. Je reconnois-là votre humanité et votre façon de penser. Je vous jure une reconnoissance qui ne finira jamais; mais mettez-moi dans le cas de vous en donner des preuves, car que puis-je faire pour vous? S’il m’est possible, si mes petites affaires domestiques me le permettent, je veux garder cet argent pour l’employer d’une manière que mes enfants se ressouviennent toujours qu’ils vous le doivent; ils se rappelleront avec plaisir que leur père a eu le bonheur d’être auprès de vous, que vous avez tout fait pour lui. Que Dieu donc vous le rende, dirai-je, comme disent tant d’autres dans pareilles occasions, mais je vous le dis du moins du fond de mon coeur. Toute ma famille a les mêmes sentiments que moi: nous vous demandons tous de nous conserver votre bienveillance et votre Protection. Le plus grand de mes désirs est de vous revoir encore, et je veux tout employer pour le satisfaire; mon coeur a trop de choses à vous dire.
Mgr l’Electeur partira au commencement du Carême pour ses Duchés de Neubourg et de Sultzbach d’où il fera une course à Munich; il me charge de vous faire ses compliments, et de vous dire qu’il vous souhaite plus de santé que vous n’en avez.
Daignez vous ressouvenir de moi. J’ai l’honneur d’être avec un profond respect,
Mon cher Bienfaicteur
Votre très-humble et très-obéissant serviteur
Colini