1767-01-18, de Voltaire [François Marie Arouet] à Jean Le Rond d'Alembert.

Je ne peux jamais vous écrire que par ricochet, mon cher philosophe; nous avons une guerre cruelle avec les Génevois.
Notre armée s'est déjà emparée de plus de douze bouteilles de vin et de six pintes de lait qui passaient aux ennemis. Tout le poids de la guerre est tombé sur nous. Nous n'avons pas, à la lettre, de quoi faire du bouillon.

Il n'est pas physiquement possible que le sieur Regnard donne vingt-cinq louis d'or d'un discours académique, dont on vend d'ordinaire cent exemplaires tout au plus.

Voici des vers à la louange de Vernet, qu'on m'a confiés. On parle d'un poème sur la guerre de Genève, qui ne sera pas si long que la Secchia rapita, mais qui doit être plus comique.

Je fais d'avance mille tendres compliments à m. Thomas. Fourrez moi beaucoup de ces gens là dans l'académie, quand vous en trouverez.

J'adresse à l'abbé d'Olivet une petite réponse à sa prosodie; il doit vous la remettre: il y est beaucoup question de votre correspondant du Brandebourg. Quand votre correspondant du mont Jura pourra-t-il vous embrasser?