1766-12-25, de Voltaire [François Marie Arouet] à Pierre Michel Hennin.

J'embrasse tendrement le ministre de paix.
Je lui souhaitte un bel olivier pour l'année 1767. A l'égard des mirthes il en aura tant qu'il voudra. Je lui renvoie le fatras Latin. Les livres râres sont rârement de bons livres.

Je le suplie de me mettre aux pieds de Son Excellence, quoi que ses pieds ne soient pas trop fermes. On dit qu'il ne peut encor marcher, c'est la statue de Nabucodonosor, tête d'or et pieds d'argile. Dites lui, je vous en prie, que je lui serai tendrement dévoué toute ma vie.

Ne m'oubliez pas auprès du chevalier Bearnois, aussi vif que Henri 4 mon héros, et qui l'emporte je crois sur Henri 4 en vigueur de tempérament. Je vous souhaitte à tous deux que vous partagiez les filles de Genêve cet hiver, attendu que cet amusement vaut mieux que celui de la comédie. La pièce suisse de Guillaume Tell n'a pas trop réussi, quoi qu'elle soit, dit on, écrite dans la langue du païs.

Je suis dans la joie, mon petit Laharpe vient de remporter le prix de l'académie.

J'attends une autre joie, celle de lire le discours de mr Thomas.