1766-12-19, de Voltaire [François Marie Arouet] à Nicolas Claude Thieriot.

Je crois, mon ancien ami, que vôtre correspondant aura été fort réjoui de l'épitaphe de la Cruche Etrusque.
Il est juste que je vous fournisse aussi de quoi amuser vôtre homme. Je vous envoie d'abord du sérieux, et ensuitte vous aurez du comique. Mr D'Amilaville doit vous communiquer une scène d'une Tragédie que j'ai eu la sottise de faire malgré le précepte d'Horace solve senescentem. J'étais las de voir toujours des princes avec des princes, et de n'entendre parler que de trônes et de politique. J'ai cru qu'on pouvait donner plus d'étendue au tableau de la nature, et qu'avec un peu d'art on pouvait mettre sur le théâtre les plus viles conditions avec les plus élevées. C'est un champ très fécond que de plus habiles que moi défricheront. Je me suis sans doute rencontré avec l'auteur de Guillaume Tell. Mandez moi ce que vous en pensez, et aimez toujours vôtre ancien ami.