1775-10-05, de Voltaire [François Marie Arouet] à Simon Louis Pierre de Cubières, marquis de Cubières.

Un beau siècle commence, et vous nous l'annoncez;
Un jeune Titus le fait naître,
Et c'est vous qui l'embellissez.
L'écuier est digne du maître.
Pégase aiant sçu qu'aujourd'hui
Vous commandez dans l'écurie,
Vient s'offrir à vous, et vous prie
De vous servir souvent de lui.
Il aime vôtre grâce, et vôtre main légère.
Sous d'autre écuiers il fit plus d'un faux pas;
Sous vous il vole, il sait nous plaire,
Et ne vous égarera pas.

Je vois, Monsieur, que vous avez ressaisi vôtre droit d'ainesse, et que vous faittes d'aussi jolis vers que Monsieur vôtre frère le chevalier. Je ne puis vous remercier à mon âge, qu'en mauvaise prose rimée; et c'est à moi qu'il faut dire, solve senescentem.

Vous n'êtes venu à Ferney que pour vous faire regretter. On y conservera toujours vôtre souvenir. Made Denis se joint à moi pour vous remercier, vous et Monsieur vôtre frère, de vôtre visite.

J'ai l'honneur d'être avec respect, Monsieur, Vôtre très humble et très obéissant serviteur

Le vieux malade de Ferney V.