aux Délices 6e May 1764
J'envoie à mes divins anges, comme je l'ai promis, les corrections qui me paraissent indispensables pour les roués.
Il y avait au 2d acte une contradiction manifeste, Octave disait dans les premiers vers de la 1ère scène qu'il voulait marcher soudain contre Pompée, et à la fin de la même scène, Antoine disait, Partons demain pour Rome.
D'ailleurs la nouvelle leçon me parait avoir plus de précision et plus de force.
Je soumets aussi à mes anges la copie d'un petit mémoire que j'envoie à mr D'Amilaville, ils décideront si ce mémoire doit être communiqué aux libraires de Paris ou non.
Je prends aussi la liberté de mettre dans ce paquet, une Lettre pour monsr Afforti. Ce n'est pas que je connaisse ce mr Afforti, je ne sçais qui il est, mais on m'a dit qu'il est chargé par mr le Duc de Praslin de rédiger le raport de l'affaire des dixmes. Mes anges voudront-ils bien avoir la bonté de lui faire passer cette Lettre de made Denis? C'est à elle d'écrire puisque les dixmes lui appartiennent, et que je lui ai donné la terre de Ferney, et que c'est à elle à captiver la bienveillance du dit mr Afforti. Je vais écrire à mr le Mal de Richelieu à Bordeaux au sujet de l'inimitable actueur Bellecour. Je me flatte qu'étant loin du tripot, il sera moins acharné contre le public et contre moi. J'enverrai ensuitte au tripot une belle déclaration de ma façon dans laquelle j'insisterai sur le droit de Grandval, et j'implorerai le bras séculier de mr le Duc de Duras. Si mes anges ont quelque autre chose à me commander je suis à leurs ordres, et je me mets à l'ombre de leurs ailes avec respect et tendresse.