2e xbre 1766 à Paris
Mon tendre et consolant ami, Vous avés le coeur sublime comme l'Esprit.
Vous ne vous contenteriés pas d'être libéral, il fault encor que vous soyés magnifique. J'ai appris vos traits de bienfaisance envers Mrs vos neveux et j'en ai admiré la générosité.
Je n'ai pas eu de si violentes reprises de mon asthme, mais j'en ai eu de plus fréquentes. Aussi ne vous ai je point écrit. J'ai remis pour vous à frère Damilaville un petit traitté sur les Commissions en Matières criminelles qui est fait par un habile et généreux deffenseur de m. de la Chalottais. L'éloge que cet auteur fait de vos ouvrages et de votre caractère est terminé par un trait bien frapé et bien neuf où il dit qu'on doit vous regarder comme un Magistrat de l'humanité.
On ne peut pas être plus satisfait que je l'ai été de l'excellent écrit de m. l'abé Morrelet contre le sot et l'impudt Dénonciateur des auteurs de la Gazette littéraire à M. l'archevêque de Paris. On ne peut rien lire d'une meilleure Dialectique et d'une Critique plus Philosophiqe que cet excellent ouvrage. On en attend avec bien de l'empressemt un autre fort considérable de lui; c'est la préface de son Dictionaire du commerce en 5 vol. in fol. auquel je le vois travailler depuis dix ou douze ans. Cette préface s'imprime pour être publiée en particulier et formera un gros vol. in 8..
Nous allons donc avoir Homere traduit en Vers françois. Quelque foible que soient l'harmonie des Vers de m. de Rochefort il me fait lire Homere avec plus de plaisir que Madame Dacier.
Un artiste en contemplant toutes les antiquités de m. le comte de Caylus dans le cabinet de Ste Gennevieve où elles sont rassemblées fit son épitaphe:
Voici une petite allégorie de M. Linguet qui m'a parüe ingénieuse et bien rendüe:
Adieu mon cher ami, portés vous bien et souvenés vous un peu de votre vieux ami asthmatique dans vos sentiments de bienfaisance. Je vous embrasse de tout mon coeur.
Tht