4 avril 1768
Monsieur!
Je n'ai pu répondre plus tôt.
Soixante & quatorze ans, de maladies & d'affaires en sont la cause. Mais puisque vous voulez de petites observations critiques, en voici.
Lieu est de deux syllabes. Il faut nœud. Le vers sera de cinq pieds.
Le vers n'y est pas. Il faut, Toujours fidèles sans contrainte.
On enfreint une loi, on n'enfreint point un nœud, on le dénoue, on le rompt, on le brise.
Il faudrait dire, ce que l'on possède, car on désire d'ordinaire toutes les choses auxquelles ont peut atteindre.
Le vers n'y est pas; mariés est de trois syllabes, il faut Epoux.
Il manque une rime à voile.
Le vers n'y est pas. Mariage est ici de quatre syllabes, parce que ce mot est suivi d'une consonne. Cela est aisé à corriger en mettant hymen au lieu de mariage.
Le vers n'y est pas. L'envie ne peut être suivie d'une consonne. On peut mettre,
Acariâtre est de quatre syllabes, & serait de cinq si ce mot n'était pas suivi d'une voyelle; le vers n'y est pas. On pourrait mettre, sa fatigante humeur, ou son intraitable humeur.
Le vers n'y est pas. Mariage en finissant le vers est de trois syllabes.
Le mot de rage est trop fort. On pourrait mettre
L'envoi est fort joli, mais le dernier vers qui finit par bénir ne rime point à satire, parce que l'on ne dit point bénire, mais bénir.
Voix ne rime point à toi, à cause de l' x; & parce que voix est long, & toi est bref. On pourrait mettre,
Vous ne pouvez faire de fautes, monsieur, que dans le mécanisme de notre langue & de notre poésie qui est fort difficile. Vous n'en sauriez faire dans tout ce qui dépend du goût, du sentiment & de la raison.
J'ai l'honneur d'être avec l'estime la plus véritable & la plus respectueuse,
monsieur,
v. t. h. & t. o. s.