17e 8bre 1766 à Ferney
On ne m'a point rendu, Monsieur, le petit livre que vous me demandiez; j'écris à l'auteur pour le prier de vouloir bien m'en envoier une douzaine d'éxemplaires.
Je ne manquerai pas de vous en faire tenir un s'il m'accorde ma requête.
Connaîtriez vous, ou pouriez vous trouver dans le païs de Vaud quelque honnête homme qui s'entendit à la culture des terres, et qui voulût administrer ou prendre à ferme un domaine assez considérable? Il y serait entièrement libre, on lui ferait des conditions avantageuses. C'est dans un païs où la tolèrance la plus grande est admise; on désirerait même que cet homme fût de la religion des arminiens, ou plutôt des Céliens. Il ne serait point du tout exposé à la mauvaise volonté des gomaristes. Vous me répondrez peut être qu'il faudrait que cet homme eût été élevé par vous, et que vous n'avez pas eu encor le temps de semer vôtre bon grain. Aussi je ne vous fais cette proposition qu'en cas qu'un heureux hazard vous fasse rencontrer une personne honnête et un peu instruitte à qui on pourait procurer une petite fortune, et surtout une entière liberté qui vaut mieux que de l'opulence.
Je vous demande vôtre bénédiction, et je vous donne la mienne. Les petits présents entretiennent l'amitié.
V.