17e 8bre 1766
Je crois qu'il s'en faut beaucoup, mon cher Papinien que l'édition du commentaire sur les délits et les peines soit vendue.
Je ne crois pas qu'il en soit entré deux éxemplaires en France. On ne peut faire parvenir à Paris aucun livre des païs étrangers. Les suppléments que vous m'envoiez sont aussi intéressants que judicieux, et je ne doute pas que vous ne fassiez un jour un excellent ouvrage sur cette matière. Vous vous intéressez au bonheur des hommes autant qu'à la vérité. Vous procurerez l'un, et vous ferez connaître l'autre. Cette vérité si longtemps étrangère chez les hommes commence à les aprivoiser. Elle se fait tous les jours des amis, elle compte sur vous comme moi même. Je suis fâché que vous ne la cultiviez pas à Ferney, et je m'imagine que quelque chose de plus aimable encor que la vérité vous retient dans vos montagnes. Si jamais vous trouvez quelque honnête homme qui veuille régir loin d'icy un joli domaine, où il jouïra d'une liberté absolue, et où il sera éxempt de tout impôt, je vous prierai de me l'envoier. Je vous embrasse de tout mon cœur.
Mes compliments je vous prie, à Mr Guirand.