1766-11-29, de Jean Louis Wagnière à Charles Frédéric Gabriel Christin.

Cher jurisconsulte, cher ami de l'hummanité, mandez-moi, je vous en prie, tout ce que vous savez du r: p: Nonotte, de la compagnie de Jesus; de quel païs est-il? que fait-il? où est-il? quel âge a t-il? quelle figure a t-il? quels protecteurs a t-il? tout celà est bon à savoir.

Je vous prie, de vouloir bien commander de ma part, deux petites figures en marbre, aux Phidias de St Claude. Ces deux figures doivent être semblables à celle que mr le comte de Cucé a prise, et je les voudrais incessamment. Je vous serai très obligé de presser cette besogne.

Mais il y en a une autre plus importante que je recommande à vôtre zèle. Je suis bien étonné que vous ne demandiez pas de nouveaux éxemplaires des livres de jurisprudence que vous avez donnés à mr Guirand, et à mr le marquis de Marnésiac.

Bonsoir, mon cher ami, je vous embrasse bien tendrement.

N. B: L'imprimeur du Commentaire sur les délits et les peines n'en a plus d'éxemplaires, il veut en faire une nouvelle édition; voiez, mon cher jurisconsulte, si d'icy à un mois vous pouvez m'envoier ce que vous aurez fait sur la réforme du code criminel.

Tenez, Monsieur le Damné de payen, voilà celui que vous demandiez; je pense que vous n'accorderez à ces messieurs que le culte d'hiperdulie, et qu'il n'y aura point de Latrie. Quoi qu'il en soit Dieu maximus vous ait en sa digne garde; vous vous contenterez s'il vous plait de cette petite figure faute d'une plus grande.

On a donné hier aux citoiens le projet imprimé de la médiation. Je l'ai lu, mais au diable si je n'y ai rien compris. On prétend qu'on ne l'acceptera pas. Si celà est, le Roi a fait déclarer aux genevois qui sont à Paris qu'on les ferait tous sortir de France et que l'alliance ou le commerce serait rompu.

Adieu, portez vous bien. Je vous embrasse, mon cher ami.

Wagniere

Avez vous pas reçu les estampes du patron? J'ai pris sa Lettre pour y joindre ce petit mot.