à Ferney 22^e Juin 1772

J'ai envoié, Monsieur, la lettre que vous m'avez fait l'honneur de m'écrire (je ne sais quel jour, car elle est sans date) à mon ami M^r Christin à s^t Claude; attendu que cet avocat est l'auteur de la dissertation, et qu'il a conduit et soutenu la cause des esclaves, il a été aussi étonné que moi de l'empêchement que l'on a mis à l'entrée de la dissertation.
Mon patron en a été aussi très surpris; il me parait que l'on a envie de faire revenir les tems de barbarie.

M^r Christin m'a mandé que vous ne fussiez point en peine de vôtre édition, et qu'il se flattait de vous la faire débiter entièrement petit à petit, tous les intéressés, voulant, dit-il, en avoir chacun un éxemplaire; et il vous prie d'avoir un peu de patience.

Je suis tout étonné que vous ne m'aiez point encor fait parvenir les 40 exempl: restants, que m^r Christin s'était réservés, et qu'il m'a demandés plusieurs fois. Je les crois en route. Vous ne feriez pas mal d'écrire à M^r Christin, fils, avocat en parlement à s^t Claude, pour le restant de vos éxemplaires, il ne demande pas mieux que son ouvrage soit répandu.

Recevez Monsieur, les assurances des sentiments respectueux avec lesquels j'ai l'honneur d'être, vôtre très humble et très obéissant serviteur

Wagniere