1766-10-12, de Louisa Dorothea von Meiningen, duchess of Saxe-Gotha à Voltaire [François Marie Arouet].

J'ai reçus en son tems Monsieur, et Votre charmente lettre du 25 d'aôut, et les remerciements des Sirvens.
J'aurois pus, j'aurois dûs y répondre plus tôt, si je n'avois crains de Vous devenir incomode, et importune, par mon trop fréquend, et enuyeu bavardage. Tel est ma manière de penser, et de sentir, que je préfère toujour, et que je s'acrifie volontier mes plaisirs aux agrémens, de ceux que je chéris. Aujourd'huy Monsieur je passe un peu cette maxime pour Vous dire, que j'ai entendue parler d'un nouvau Livre, qui exite toute ma curiosité, et tous mes désirs; il s'apelle Le philosophe ignorant, et come je sais que Vous le conoissés, je Vous conjure avec ardeur de me le procurer: ou du moins de m'indiquer l'endroit où je pourois l'avoir. Vous m'obligerés par cette défference infiniment, et je joindrai avec empressement, cette complaisance de Votre part, aux marques de bontés et d'amitié dont Vous m'avés honorée si souvent mon cher et digne Ami. Vous conoissés mon coeur, et Vous ne sauriés douter Monsieur, des sentiments d'admiration et d'affection que je Vous ai vouées pour la vie, étant de toutes mes facultés

Votre amie et servante

Louise Dorothee DdS