5 septembre 1766
Oui, sans doute, mon digne philosophe, il faut publier la lettre de ce polisson; les sages qu'il a trompés pendant quelques annés doivent s'assembler pour le dégrader.
Il était tonsuré en philosophie; il faut écorcher promptement sa tonsure des quatre mineurs. Envoyez moi, je vous prie, sa lettre avec les commentaires que vous jugerez à propos d'y joindre, et si vous dédaignez de fournir des notes, envoyez le texte tout pur, c'est à dire dans toute sa turpitude. Frère d'Amilaville possède une copie authentique de celles que ce grand homme écrivit de Venise en 1744, dans lesquelles il avoue qu'il était domestique de m. le comte de Montaigu, qui le chassa de sa maison à coups de bâton.
Quand vous pourrez écrire à un très bel esprit d'Armorique, je vous prie de lui dire qu'il y a un Allobroge qui lui a été hardiment attaché envers et contre tous. Cet Allobroge est bien fâché de n'avoir qu'une horreur impuissante contre certains Welches; à quoi sert de haïr les monstres si on ne peut les écraser dans leurs tanières? Je suis bien vieux, je n'ai plus de dents; si j'en avais, je les dévorerais avant de mourir!
Mangez les, vous qui vous portez bien. Vous avez sans doute instruit mon ancien disciple des derniers exploits des Welches. Il est bon qu'il reçoive de tous côtés des nouvelles qui soient conformes. Dites lui que j'ai tout oublié, hors mon admiration et mon attachement pour lui; ne montrez mes lettres à personne. Ecrasez, si vous pouvez, l'infâme.
Je vous embrasse de tout mon cœur.