29 auguste 1766
Je vous envoie donc, mon cher ami, les lettres très ennuyeuses écrites il y a 22 ans par un polisson.
Ces lettres ne prouvent autre chose, sinon qu'il était alors un mauvais valet, et qu'il a toujours été ingrat et orgueilleux.
Je vous supplie de me renvoyer ces lettres le plus tôt que vous pourrez, non seulement parce qu'elles me sont nécessaires, mais parce qu'on m'a fait promettre de ne m'en point dessaisir.
Il est triste qu'un pareil homme ait écrit cinquante bonnes pages. Cela fait souvenir d'un fripon qui ayant ouvert un bon avis dans Athenes, fut déclaré indigne de bien penser, et on fit proposer son avis par un homme de bien.
Mais vous savez que j'ai de plus grands sujets de chagrin que ceux qui peuvent venir de Jean Jaques. Les sottises de cet animal ne sont que ridicules; mais je ne reviens point des choses affreuses. Ma tristesse augmente et ma santé diminue tous les jours; je mourrai avec la douleur de voir les hommes devenir tous les jours plus méchants. Votre amitié vertueuse fait ma consolation.
Vous croyez bien que j'attends vos deux Hollandais avec quelque impatience.