à St. Petersb: ce 9 [20 n. s.] Juillet 1766
Monsieur, La Lueur de l'Etoile du Nord n'est qu'une Aurore boréale.
Ses bienfaits répandus à quelques centaines de lieuës, dont il Vous plait de faire mention ne m'apartient pas.
Les Calas doivent ce qu'ils ont reçu à leurs amis; Mr Diderot la vente de sa Bibliothèque au sien, tout come les Calas et les Sirven Vous doivent tout. Ce n'est rien que de doner un peu à son prochain, de ce dont on a un grand superflu, mais c'est s'imortaliser que d'être l'Advocat du genre humain, le défenseur de l'inocence opprimée. Ses deux Causes Vous attirent la vénération duë à de tels miracles. Vous avés combattu les enemis réunis des homes, la superstition, le fanatisme, l'ignorance, la Chicane, les mauvais Juges, et la partie du pouvoir qui repose entre les mains des uns et des autres; il faut bien des vertus et des qualités, pour surmonter ces obstacles. Vous avés montré que Vous les possédés, Vous avés vaincu. Vous désiré Monseur un secours modique pour les Sirven. Le puije refuser? Me louerés Vous de cette action? Y a t'il de quoi? En partant de là, je Vous avouë que j'aimerai mieux qu'on ignora ma lettre de change; si cependant Vous pensé que mon nom tout peu harmonieux qu'il est, fera du bien à ses victimes de l'esprit de persécution, je m'en remets à Votre prévoyance et Vous me nomeré, pourvu seulement que cela même ne leur nuise. J'ai mes raisons pour le croire.
La mésavanture de l'Evêque de Rostof a été traité publiquement, et Vous en pouvés communiquer Monsieur le mémoire à Votre gré, come une pièce Authentique que Vous tenés d'une voye irrévocable.
J'ai luë avec beaucoup d'attention l'imprimée qui accompagnoit Votre lettre. Il est bien difficile de réduire les principes qu'il contient en pratique, malheureusement le grand nombre y sera longtems opposé; il est cependant possible d'émousser la pointe des opinions qui mènent à la destruction des humains. Voici mot à mot ce que j'ai inséré entre autre à ce sujet dans une instruction pour un Comité qui refondra nos Loix. ‘Dans un grand Empire qui étend sa domination sur autant de peuples divers, qu'il y a de différentes croyance parmi les homes, la faute la plus nuisible au repos, et à la tranquilité de ses Citoyens seroit l'intolérance de leurs différentes Religions. Il n'y a même qu'une sage tolérance également avoué de la Religion Ortodoxe et de la Politique qui peut ramener touttes ses brebis égarée à la vraye croyance. La persécution irrite les esprits, la tolérance les adoucit, les rend moins obstinés, en étouffant ses disputes contraire au repos de l'Etat et à l'union des Citoyens’.
Après cela suit un préçis du livre de l'esprit des Loix sur la magie etc. qu'il seroit trop long de raporter içi. Il est dit, tout ce qu'on peut dire, pour préserver d'un côté les Citoyens des meaux que peuvent produire de pareilles accusations, sans cependant troubler, de l'autre la tranquilité des croyances, ni scandaliser les consciences des croyant. J'ai cruë que s'étoit l'unique voye praticable d'introduire les cris de la raison, que de les poser sur le fondement de la tranquilité publique, dont chaque individu sent continuellement le besoin et l'utilité.
Le Petit Comte Schouvalow de retour dans sa Patrie, m'a fait le réçit de l'intérêt que Vous lui avés témoigné prendre à tout ce qui me regarde. Je finis par Vous en marquer ma gratitude.