[c. 10 August 1766]
Monsieur,
Je n'ai pù penser qu'un simple mouvement de pitié et d'humanité parviendroit à Vous encore moins qu'il méritât Vos Eloges.
Vous ètes bien fait Monsieur pour encourager La Vertu, et pour faire triompher l'inocence. Les Calas Vous doivent Leur célébrité, Les Sirven Vous La devront encore; je Voudrois pouvoir Leur Témoigner à quel point ils m'intéressent. Une famille inocente et persécutée est pour moi un objet bien respectable. Je ne peux Leur ofrir des secours proportionés à Leurs besoins. J'ose cependent Vous faire adresser 10 Louis. Je vous conjure, mr, de Les Leur faire accepter.
Je sens tout Le prix de la Lettre dont Vous m'avés honorée, et j'en suis Touchée de reconoissance ainsi que de La pièce que vous y avés jointe. Si j'ai mérité cette attention c'est par ma haine pour Le fanatisme et pour La tiranie de la superstition. Vos écrits m'ont affermie dans Les principes que je me suis formés, ils sont invariables ainsi que mes sentimens pleins d'estime et de considération pour Vous.
J'ai l'honneur d'être.