1766-07-16, de Pierre Michel Hennin à Voltaire [François Marie Arouet].

J'étois fâché pour vous m. du dérangement que m. l'ambr mettoit à la marche du Prince mais vous avez été prévenu à tems.

Nous comptons bien M. de T. et moy être de la fête Philosophique que vous vous proposez de donner demain. Mais dans ce siècle mangeur il n'y a plus moyen de penser à la sobriété. Ainsi pour ma part je compte sur une indigestion, sauf à la guérir au bal que la Repe doit donner ce soir.

Avez vous vû la réponse qu'on a donnée à ces bonnes gens? Ils en sont fort ébaubis et ne conçoivent pas comment un R. de France peut parler ainsi à des Citoyens de Geneve. Ce seroit bien pis s'ils sçavoient que M. le Cher de B. a pris sur lui cette tournure pour leur épargner de plus grands désagrémens. Ils ne l'en détestent pas moins, mais la crainte d'une malédiction injuste ne doit pas nous empêcher de faire notre devoir quoiqu'en dise la ste constitution.

Je présente mes respects à vos Dames, et à vous M. mon cœur avec toute sa franchise et la tendresse dont il est capable.