17 x^bre 1765 au château de Ferney

Si je pouvais sortir, Monsieur, je serais venu me mêler dans la foule de ceux qui vous ont vu arriver avec le rameau d'olivier à la main.
Mon âge et mes maladies me retiennent chez moi en prison. J'ai bu aujourd'hui à vôtre santé dans ma mazure de Ferney, avec M^r Roger. Quand vous serez las des cérémonies et des indigestions de Genêve, vous serez bien aimable de venir chercher la sobriété et la tranquilité à Ferney. Je vous remettrai un mémoire de deux avocats de Paris, sur les tracasseries de Genêve, et vous verrez que l'ordre des avocats en sait moins que vous. M^r D'Argental devait le remettre à M^r De S^te Foi pour vous le donner, mais vous êtes parti précipitamment. Je vais le faire copier, et je serais très flatté d'avoir l'honneur de vous entretenir en vous remettant l'original.

Quand vous aurez quelques ordres à me donner vous pouvez les envoier aux rues basses chez M^r Souchay, Marchand Drapier près du Lyon d'or.

Mad^e Denis vous fait mille compliments, nous ne pouvons vous exprimer à quel point nous sommes enchantés de nous trouver dans vôtre voisinage.

J'ai l'honneur d'être avec le plus tendre et le plus respectueux attachement, Monsieur, Vôtre très humble et très obéïssant serviteur

Voltaire