1766-06-13, de Voltaire [François Marie Arouet] à François Achard Joumard Tison, marquis d'Argence.

Vôtre petit et très dévoué serviteur, le commis de vôtre bon ami Mr Boursier, a été malade, et n'a pu répondre à la Lettre que vous avez bien voulu lui écrire.
Je la montrai à nôtre cher maître qui me deffendit d'écrire à Bigex, parce qu'on ne voulait débiter l'ouvrage en question, qu'après la dissolution de l'assemblée du clergé. D'ailleurs je ne sais pas où loge Bigex. Je pense qu'il vous aura répondu. Patience, et tout ira bien, avec beaucoup de circonspection.

Je vous expédiai de la part du patron un petit paquet que vous recevrez avant cette Lettre. Ce bon patron (à qui je ne dis pas que je vous écris) ne se porte point bien, et il a une terrible fluxion sur l'œil droit, mais celà ne l'empèche pas de travailler à la vigne. Je fais des petits fagots des mauvais sarments qu'il coupe avec lesquels nous tâchons de brûler les chenilles qui mangent les beaux fruits. Nous espérons une bonne récolte cette année d'excellent vin qui avilira terriblement le vin aigrellet.

Je vous prie de faire commémoration quelquefois du petit Suisse, et de lui accorder la continuation de vôtre bienveillance, car il vous est tendrement et très respectueusement attaché.

Wagniére