A Paris, le 28 avril 1766
Je crois vous faire plaisir, monsieur, en vous mettant à portée de juger de quelle manière on fait parler le Mercure de France dans un papier anglais que je joins ici.
Vous y trouverez (pag.224) la déclamation la plus indécente contre m. de Voltaire, & vous serez sans doute surpris de voir cet article donné pour une traduction du Mercure de France. Le journal où se trouve cet article est déjà ancien, mais c'est le hasard qui l'a fait tomber dans mes mains. D'ailleurs il est toujours temps de démentir ce mensonge grossier; œuvre bien digne des ennemis obscurs qui cabalent contre cet homme illustre qui fait la gloire de la nation française & les délices de tous les gens éclairés. Je crois que le Mercure étant un ouvrage avoué & protégé par le gouvernement, un ouvrage dont l'esprit est celui de la modération & de la justice, il est peut-être à propos que celui qui en est l'auteur démente une fausseté si odieuse. Votre nom, monsieur, est trop connu en Angleterre pour qu'une réclamation de votre part puisse manquer d'y faire tout l'effet qu'on doit en attendre. Il n'y a personne qui ne puisse affirmer que jamais l'article en question n'a été imprimé dans le Mercure; mais il me paraît qu'un mot de vous fera plus d'impression. Quant à ceux à qui votre caractère est aussi connu que vos talents, ils n'ont certainement pas besoin d'être détrompés. Je vous prie, monsieur, d'agréer l'assurance de mes sentiments, &c.
Le ch. de Ch…..