au château de Ferney 6 février 1766
Monsieur,
La lettre que j'écrivis ces jours passés à mr Lullin, est exactement conforme à la copie que vous me faites l'honneur de m'envoyer, elle n'est pas moins conforme à la vérité dans tous les points.
Il me semble qu'on aurait dû commencer dans toute cette affaire par examiner le fait dont il était question. La vérité eût été bien vite reconnue et tout aurait été apaisé, deux ou trois fausses démarches ont causé bien des peines et des inquiétudes qu'on pouvait éviter. On est détrompé, mais trop tard. J'ai vu avec douleur les tristes suites de cette affaire. Si quelque chose pouvait me consoler dans le malheur public, c'est qu'au moins on me rend justice; et la lettre dont vous m'honorez, monsieur, est assurément une de mes plus flatteuses consolations.
J'ai l'honneur d'être avec les sentiments les plus respectueux
monsieur
votre très humble et très obéissant serviteur
Voltaire