1754-02-21, de Chrétien Guillaume de Lamoignon de Malesherbes à Voltaire [François Marie Arouet].

Je peux vous assurer, Monsieur, que mde votre nièce s'est acquittée exactement de toutes les commissions dont vous l'avés chargée vis à vis de moy, qu'elle a fait toutes les démarches possibles pour supprimer l'édition fautive de votre histoire universelle, démarches, à la vérité qui ont été inutiles par ce qu'il est toujours très difficile et peutêtre impossible d'arrester le débit d'un ouvrage déjà connu et répandu.

Vous m'affligés beaucoup en me mandant le mauvais état de votre santé et la triste situation où vous estes à Colmar. Pourroit on aimer les lettres et n'estre pas sensible aux malheurs de m. de Voltaire? Mais vous devés sçavoir que je ne suis pas à portée de les adoucir. J'en ay raisonné longtems avec mde Denis, qui n'a pas pu en disconvenir.

J'ay l'honneur d'estre Monsieur.