1766-01-25, de Voltaire [François Marie Arouet] à Pierre Lullin.

Monsieur,

Je suis obligé de vous informer de la calomnie que le sr Rousseau a répandue dans Paris.
Il a persuadé aux personnes les plus considérables du Royaume, que j'avais engagé le conseil à la condamner, et que la résolution en avait été prise chez moi, et que c'est la première cause des divisions de Genêve.

Cette imposture est aussi injurieuse pour le conseil que pour moi même. Il serait absurde qu'il eût consulté un étranger. Je n'ai certainement ni parlé, ni fait parler sur cette avanture, à aucun des membres de ce corps respectable. Cette imputation, d'ailleurs, est bien contraire à mon caractère.

Je vous supplie, Monsieur, de lire ma Lettre au conseil, vôtre réponse suffira pour confondre une si infâme calomnie, elle dure depuis trop longtemps. Il y a des impostures qu'on doit mépriser, il y en a d'autres qu'il faut détruire. J'attends de vous cette justice.

J'ai l'honneur d'être avec respect

Monsieur

Vôtre très humble et très obéissant serviteur

Voltaire