27 xbre 1765
Il me vient une idée monsieur, je vous la soumets ainsi qu'à vos amis.
L'amour du bien public peut inspirer des sottises comme il peut aussi faire bien rencontrer. Si mon idée est mauvaise moquez vous en; la voici.
Si la médiation vient pour la seconde fois en attendant une troisième, vous m'avouerez qu'il n'est pas plaisant de montrer à l'Europe qu'on a besoin de précepteurs.
La grande question qu'on agitera sera celle de l'effet des représentations. Il peut arriver que les médiateurs soient frappés de la raison qu'apportent les citoyens. Faudra-t-il disent ils que nos remontrances soient toujours sans effet, que nous servirait un droit qu'on pourrait toujours rendre inutile? &c.
Si donc le Conseil voulait spécifier quelques cas où ce droit aurait toute sa plénitude, ne serait ce pas un moyen de ramener le peuple?
Je suppose qu'on accorde que quand la majorité des citoyens viendra se plaindre de l'infraction d'une loi reconnue, le Conseil portera la requête des Deux Cents & si la majorité des Deux Cents trouve la plainte fondée, elle sera portée au Conseil général. Il me semble qu'alors le Conseil ne perd rien de sa dignité ni de son autorité, le peuple est très content, & la confiance doit renaître.
Je ne parle point des autres articles; je suis persuadé qu'on les arrangera sans peine. Si on voulait donner parole qu'on ne refusera pas la proposition que je vous fais, peut-être je serais à portée de la faire accepter avec une respectueuse reconnaissance par les principaux citoyens, peut-être j'aurais des moyens de les porter à y consentir.