1766-06-11, de Marie Louise Denis à Jean Robert Tronchin.

J'accepte très volontier Monsieur la proposition que vous voulez bien me faire, je trouve l'emplassement fort solide et j'ai mendé à Mon beau frère de terminer l'affaire quand vous le jugerez à propos.
Non seulement Monsieur vous avez la bonté d'arrenger ma petite fortune, mais vous y ajoutez celle de me praiter encor pour Compléter la somme des 36 mille livres. Je vous en ai la plus vive obbligation et le premier argeant que je toucherai sera destiné à vous être remis. Vous n'avez point affaire à une ingrate et mon Coeur est pénétré de tout ce que vous faites pour moi.

Je me flate toujours que nous finirons nos jours ensemble dans ce pais ci. J'ai tout lieu de croire que la médiation rendra justisse au gouvernement. Les médiateurs paroissent bien intantionés pour ramener la paix et l'union dans la république. Mr le chevalier de Botville joint de très bonnes intantions à beaucoup de talent, et j'espère que vous reviendrez sur vos vieux jours goûter un air pur aux Delices dans le sein de votre famille et de vos amis. Regardez moi je vous prie Comme une de celle qui vous est le plus attachée, et ne doutez jamais des sentimens avec les quels j'ai l'honneur d'être Monsieur

Votre très humble et très obbéissante servante

Denis

Mon oncle a fort mal aux yeux, il me charge de vous faire mille complimens.