à Genève le 22 Déc. 1765
J'ai fait usage M. de [ce] que vous avez eu la bonté de me remettre.
Il entrera dans le nombre des pièces de ce malheureux procès.
Votre amitié et le désir de voir finir promptement les troubles de Geneve vous ont persuadé M. que je serois propre à jouer icy le Rôle de médiateur. Bien des motifs m'ont fait craindre qu'on ne jettât les yeux sur moi pour cette fonction. D'abord la première médiation fut confiée à un homme de qualité, et les Républicains ne tiennent pas moins que les autres aux distinctions. En second lieu, destiné à vivre dans cette ville au delà du terme de la médiation pourquoi voulez vous que je reste chargé du mécontentement d'un parti et peut être de tous les deux. Le service du Roy en pourroit souffrir, et ma position en deviendroit certainement moins douce. J'avois prévenu m. le D. de Praslin à ce sujet, je lui ai depuis renouvellé par écrit mon éloignement pour cette dignité dont je me croirois d'ailleurs très honoré. Qu'il vienne au plutôt icy un homme de considération de la part du Roy, je m'estimerai heureux de le seconder; et quelque soit l'événement je n'aurai plus à penser qu'à vivre agréablement dans cette retraite politique.
Dès que la nécessité de veiller à ce qui peut me convenir des effets de m. de M. ne me retiendra plus icy j'espère m. que vous ne vous plaindrez pas de ma négligence à cultiver un voisin tel que vous. Je ne suis pas homme à laisser échapper un des plus grands avantages de ma résidence, celui de pouvoir quelquefois profiter de votre loisir, et vivre en tout bonhommie avec un des bienfaiteurs de l'humanité.
C'est pour la dernière fois m. que je finirai mes billets comme une lettre, et je vous serois très obligé d'en agir de même avec moy. Désormais je commencerai par Je vous disois donc et vous laisserai suppléer à la fin les expressions de respect et de dévouement avec les quels &c.