1765-11-25, de Voltaire [François Marie Arouet] à Henri Louis Lekain.

Je présume que Monsieur Lekaïn aura attendu un temps plus favorable pour faire débiter la Tragédie qu'il imprime.
Je viens de découvrir encor des vers répétés au 3e acte.

Il y a dans la scène 2de de ce 3e acte

Vous acceptiez la main qui m'a percé le flanc.

C'est Nemours qui parle, et Adélaïde lui dit quelques vers après,

Enflé de sa victoire, et teint de vôtre sang,
Il m'ose offrir la main qui vous perça le flanc.

Je retrouve dans une vieille copie:

Tout doit si je l'en crois, céder à son pouvoir,
Lui plaire est ma grandeur, l'aimer est mon devoir.

Cette leçon est sans doute la meilleure, des cartons ne sont pas une chose bien difficile, et il faut les préférer à des négligences insuportables.

Je fais mille compliments à mr Lekain. Je ne crois pas qu'il y ait eu des spectacles à Paris pendant les prières de quarante heures.

S'il y a quelque chose de nouveau, je le suplie de vouloir bien en faire part à son ami

V.