1765-11-15, de Marie Louise Denis à François Tronchin.

Je vous envoie cette lettre et je crois qu'il faut la laisser telle qu'elle est.
Songéz que c'est une femme qui écrit à une autre femme, qu'il ne faut point que cela ait l'air n'y dicté n'y arrengé, que je dis tout ce qui me passe par la teste, et cependand que je ne dis rien que de vrai, qu'il est question de donner de bonnes impressions au ministre et l'idée qu'une médiation devient nécessaire, voilà de quoi il s'agit et je crois avoir rempli mon obget.

Je vous prie en grâce d'écrire à l'homme à qui vous adresserez cette lettre qu'il dise qu'elle lui a été remise par un marchant qui vient de Geneve, cela est nécessaire. Adieu Mon cher ami. Votre visite d'hyer a fait des miracles. Mon Oncle a enfin dégorgé son Duluc, il m'a dit hyer au soir que vous aviez raison en tout point. Le Conseil se Conduit àmerveille avec lui et je vous en ai à tous la plus vive obbligation. J'ai lâché un peti mot du peuple dans ma lettre parce que je sçai que Fabri panche pour lui et qu'il en a fait de grands éloges au ministre.

Adieu mon cher ami. Getez ma lettre dans le feu.