1765-09-18, de Voltaire [François Marie Arouet] à Germain Gilles Richard de Ruffey.

J'ai reçu de mon mieux vos deux conseillers, mon cher Président, tout malade que je suis.
Je m'intéresse vivement aux progrès de vôtre accadémie; vous l'avez établie, et vous la perfectionez. Je ne peux que vous applaudir de loin. Si vos magistrats avaient pu rester quelque temps dans nos Cantons ils auraient vu chez moi une assez bonne comédie, qui se soutient malgré le départ de Mlle Clairon. Il faut avouer que cette mlle Clairon est bien étonnante. Envérité je n'avais point d'idée d'un jeu si supérieur. Toutes les actrices que j'avais vues jusqu'à présent, excepté Mlle Du Mênil, n'étaient que de froides marionettes.

J'aurais bien voulu vous tenir à Ferney avec Mr l'ancien 1er Président de La Marche vôtre ami. Je fais bâtir deux ailes pour vous mieux recevoir si jamais vous revenez dans nos déserts. Conservez moi des bontés qui seules peuvent me consoler de vôtre absence.