à Geneve 3 juillet [1765]
Je n'ay jamais lu monsieur le marquis ny le numéro 13 ny le numéro 20 de ce misérable Freron ni aucun de ses numéro.
Je sçais seulement par la voix publique que l'aritmétique ne suffit pas pour nombrer ses sottises et ses calomnies. Je ne crois pas d'ailleurs qu'il me soit convenable de luy répondre, car il faudrait le lire, et je ne peux supporter tant d'ennui. D'ailleurs il est toujours d'assez mauvaise grâce de faire sa propre apologie et de récriminer, mais ce qui serait avilissant dans moy, est bien noble dans vous. Je sens avec la plus tendre reconnaissance toutte l'étendue de notre générosité. S'il est décent à moy de me taire, il est beau à vous de daigner parler en faveur d'un homme que vous aimez et qui vous est aussi attaché que moy. Le nom d'un pareil avocat fera bien de l'honneur à son client. Voudriez vous avoir la bonté de m'envoier cette courte réponse dont vous m'honorez? Il n'y aurait qu'à la faire transcrire d'une écriture très serrée mais lisible et me l'envoier par la poste.
Vous savez avec quels sentiments je vous suis dévoué pour toutte ma vie.
V.