1765-06-30, de Voltaire [François Marie Arouet] à Mme — de Trévénegat.

Madame de Trévénegat s'est adressée à un malade pour savoir des nouvelles de ce que vaut une mort subite.
L'homme à qui elle s'est adressée se connaît en maladies de langueur depuis environ cinquante ans, mais en morts subites point du tout. Il faut demander cela è César qui disait que cette façon de quitter le monde était la meilleure. A l'égard des justes et des réprouvés dont madame de Trévénegat parle, l'avocat consultant répond, qu'il connaît force honnêtes gens et qu'il ne connaît ni réprouvés, ni justes, que ce n'est pas là son affaire, qu'il n'a jamais envoyé personne ni en paradis ni en enfer, et qu'il souhaite à madame de Trévénegat une mort subite pour le plus tard que faire se pourra. En attendant il lui conseille de s'amuser, de jouer, de faire bonne chère, de bien dormir, de se bien porter et lui présente ses respects.