1765-06-03, de Voltaire [François Marie Arouet] à Gabriel Cramer.

Vous me contredites mon cher Gabriel en écrivant qu'on vous a remis un mss. etc. tandis que je mande qu'on l'a envoyé de Paris.
Vous faites entendre que c'est moy qui vous l'ay donné; et cela peut me compromettre avec M. l. D. d. P. mais je tâcherai de réparer cette contradiction qui pourait me causer beaucoup de désagrément.

Je vous assure que les conseils à un journaliste et ce plat panégirique ne sont pas dignes de votre presse. Vous en userez comme il vous plaira. Mais les journaux de Sheurler m'étaient plus essentiels, et vous seraient d'une plus grande utilité que ces misères, croyez moy. Il y a quelque chose en campagne que vous ne devez pas négliger. Ou mandez moy nettement si vous n'avez pas écrit en Hollande pour avoir les journaux depuis 1725, jusqu'à 1735, ou écrivez, mais ne me laissez pas dans l'embaras où je suis depuis trois mois. Je vous prie de me faire avoir ces dix années de journaux depuis 1725, et l'histoire de Moyse par Gaumin, imprimée à Francfort. Ayez la bonté d'écrire un mot à Francfort et à la Haye à vos correspondants. Mandez qu'on adresse ces deux paquets par les chariots de poste à M. Souchai, négotiant à Geneve, qui payera les paquets et le port. Mille tendres amitiez.

V.