1765-05-25, de Voltaire [François Marie Arouet] à Élie Bertrand.

Je serai enchanté de vous revoir, mon cher philosophe; et ce sera une grande consolation pour moi de retrouver Monsr et Made Defreüdenrich.
Je vous prie de leur dire à quel point je leur suis dévoué.

Je crois que l'abbé dont vous me parlez se souciera fort peu qu'on le critique. Le pauvre diable est mort depuis plusieurs années, je le crois damné pour avoir osé dire que les Juifs n'étaient pas la première nation du monde; et vous savez que les damnés ne répondent point aux théologiens. C'était un bien mauvais prêtre que cet abbé; on dit qu'il a perverti bien du monde. Il avait l'insolence de préférer la morale à la théologie, et de gâter par là l'esprit des jeunes gens. Remercions Dieu qui nous en a délivré; et aimez moi toujours un peu.

V.