1765-04-16, de Voltaire [François Marie Arouet] à Étienne Noël Damilaville.

Il est donc enfin décidé, mon cher frère, que le Roi daignera donner un dédomagement à nôtre veuve.
Je vous assure qu'il aura l'intérêt de son argent en bénédictions. Un roi fait ce qu'il veut des cœurs; tous les protestans sont prêts à mourir pour son service. Il faut bien peu de chose aux grands de ce monde pour inspirer l'amour ou la haine. Je ne suis pas assez au fait des affaires pour décider sur la prise à partie, mais si cette prise réussissait ce serait un terrible coup. Je ne crois pas qu'il y en ait d'éxemple depuis le massacre de Cabriere et de Mérindol, mais cette cruelle affaire était bien d'un autre genre, il s'agissait de l'abus sanguinaire des ordres du Roi, de dixhuit villages mis en cendres, et de huit à neuf mille sujets égorgés. Tantum religio potuit suadere malorum. Je m'unis à vous plus que jamais dans la sainte Tolérance. Ecr: L'inf: