1765-02-09, de Jean Robert Tronchin à François Tronchin.

… J'attendrai l'effet des soins du Baron sur l'arbitrage des dégradations aux Délices, puis on se mettra en règle avec V., puis tu feras pour la suite de cette affe tout ce que tu croiras convenable &ca.

Cette famille de punaises est originale, si elle n'étoit pas établie avant l'habitation du Duc de V. Il faut bien les faire déguerpir &ca, boucher les trous, blanchir avec de la chaux vive. Elles ne peuvent pas tenir contre le vernis, mais tu connois mieux que moi tous les bons secrets….

Voici cher ami, des papiers que j'ay reçeu de Made Denis, avec ma réponse que tu voudras bien lui faire parvenir, ou la lui remettre toi même, si tu le juge àpropos. Je ne sçais si j'aurai recontré tes idées. Si cela n'est pas, comme elle ne contient que de la décence & des généralités, j'estime qu'il ne peut y avoir des conséquences. Tout ce qui me chagrine bp. là dedans c'est les embarras que je te donne. Je m'étois flatté que le per expédient t'en affranchiroit, mais M. Racle, ou Rafle qui veut sans doute faire sa cour &ca, se trouve par malheur pr les parties intéressées chés M. de V., en sorte qu'il faut prendre une autre route. Je suis toujours dans le sentiment qu'il ne faut avoir ni difficultés ni procès, et je t'avoue que j'aime mieux être lézé que de lutter contre V. Ta dextérité à manier les affes& à saisir les foibles établira un juste milieu & un dénouement raisonnable, car avec leur façon de penser sur le Cte du baron, il est for inutile de persister à employer ses bons offices….

Une circonstance qui n'a pas trait à l'affe des Delices, et qu'il est àpropos cependt que tu n'ignores pas, c'est que l'ami Camp & moi avons toujours traitté Mr de V. sur la matière d'intérêt, comme toi même, nous le regardions comme notre parent, sans provision usitée dans les affes de commerce, et sans aucun bénéfice sur les achats, &ca….

Voici encore copie d'une lettre que je viens de recevoir de M. de V. et je mettrai au bas si j'ay le tems le projet de la réponse que je me propose de faire partir par le Courier de mardi.

Le Baron me marque qu'on le regarde dans cette maison comme le loup garou, qu'il ne s'en embarrasse guères, et qu'il est parvenu au point qu'il désiroit, qui est de mettre cette affe en mains de deux avocats MM>Delorme & Vasserot.

Je t'embrasse & notre chère M. Anne de tout mon cœur. Mes tendres respects à la bonne Tante, et à toute la famille &ca.

Je vois bien dans mes réponses à Made D. & à M. de V. qu'il y a une espèce de contradiction dans les manières de procéder que je propose, mais je crois de répondre à chacun ce qu'il faut, et en faisant ma lettre à Made Denis, je n'avois pas connoissance de celle de M. de V., et comme il semble indiquer que je devrois m'en tenir à l'arbitrage de l'Ingénieur, j'ay cru devoir l'écarter, & persister dans le besoin d'autres tiers arbitres. Je n'ai pas dû mettre dans la main de V. un instrument qui l'authorise à prononcer lui même la voie à l'amiable, ou l'arbitrage quelconque.