16 7bre 1760
Je ressens vivement vos bontés mr, vous rendez un très grand service à notre petit canton paisible, en le préservant des guerres littéraires ou antilittéraires.
Cette partie du commerce de la librairie ne doit point en effet entrer dans les payements de Lyon & de Genève; toutes ces pauvretés sont essentiellement réservées à la bonne ville de Paris, où l'on n'a autre chose à faire qu'à se moquer de tout: Rigolet doit nous laisser en repos: on lui a renvoyé deux ballots de bêtises qu'il avait envoyés à Genève, et la messagerie en a donné son reçu; Rigolet est très coupable, il ne l'est que parce qu'il est gueux; mais il faut qu'il tâche de gagner son pain à un métier plus honnête. Je suis persuadé mr qu'après avoir été averti & réprimandé par vous, il ne s'avisera plus de nous troubler par des impertinences nouvelles. Nous manquons de laboureurs au pays de Gex, je fais bp plus de cas d'un bon valet de charrue que d'un colporteur de mauvais livres. Il serait fort bon que les R. et q̲q̲ues autres encore travaillassent à la terre. Cette petite affe ne m'a pas été tout à fait désagréable, elle m'a procuré une de vos lettres, et m'a valu vos bontés. Je vous en remercie de tt mon cœur &c.