1768-03-06, de Voltaire [François Marie Arouet] à Jacob Tronchin.

J'admire vôtre guaieté, Monsieur, autant que vôtre esprit et vôtre philosophie.
Si vos perruques avaient été aussi philosophes que vous, et s'ils avaient connu alors leurs véritables amis, vous ne seriez pas où vous en êtes. La terre de Ferney est à vôtre service, la maison Racle, la maison de l'Hermitage, les autres maisons que j'ai bâties, le château, les meubles. Que vos parents et vos amis disposent de tout.

A l'égard de la vente de Ferney j'ai peur que le marché ne soit un peu cher. Je prévois qu'il faudra faire un pont d'or à maman pour l'engager à déguerpir. Mais on ne vous fera pas un pont d'or pour déguerpir de Genêve. Ceux qui voudront me venir voir ne feront pas mal, et seront très bien reçus.

Je vous prie de dire à Gabriel de n'y pas manquer. Pour vous, Monsieur, soiez très persuadé que mon cœur sera à vous, tant qu'il me battra dans le corps.

Mille tendres respects aux ingrats de vôtre famille.

V.