1767-03-12, de Voltaire [François Marie Arouet] à Alexandre Marie François de Paule de Dompierre d'Hornoy.

Si vous n'êtes pas Turc, mon cher magistrat, je vous ai autant d'obligation qu'au bon Turc vôtre oncle.
Il me parait que vous entendez tout deux fort bien les affaires, surtout quand il s'agit de tirer les gens d'embaras. J'espère que mon boiteux de procureur, grâces à vos soins, me fera rendre justice.

Criez bien tous en faveur des Sirven, mes chers parents et amis. Le raporteur est aussi bien disposé que vous même. Les Calas et les Sirven seront deux bonnes époques.

Criez aussi en faveur de Belisaire, c'est un bon homme, un brave soldat, et l'aveugle le plus clairvoyant qu'il y ait au monde.

Mr d'Hermenche, très bien connu de Mr et de made Deflorian, dit qu'il vient de jouer les Scithes à Lausanne avec un très grand succez. Nous les jouons dans quatre jours sur nôtre petit théâtre. On va les donner à Genêve et à Lyon. A l'égard de Paris je ne m'en mêle point.

Pardon de ma courte Lettre, mais je vas à la répétition, et ce n'est pas sans vous embrasser tous avec la plus grande tendresse.

V.