Lille 5 fév^r 1765

M^r,

Notre ami commun M^r L'abbé Lamoot, m'a remis, Mon cher Monsieur, la réponse que vous lui avez addressée; quoi que l'ouvrage d'un grand homme, elle n'en est pas pour cela plus Philosophique ni plus Littéraire; si j'étois homme à Controverse, et que je voulusse me permettre d'envoyer à quelqu'un cette réponse avec ma Lettre, notre sire a beau vouloir que l'on croye qu'il ignore s'il existe dans le monde un nommé Freron, je crois que celui cy auroit beau Champ, et que les Rieurs ne seroient pas trop du Côté de mon Répondant. Voilà les hommes, les plus Célèbres font des fautes, cela ne se voit que trop, mais en convenir c'est autre chose. J'ai comme tous mon amour propre, et je ne puis lui refuser la petite permission de se dire icy que l'on n'avoit rien à lui répondre puisque l'on lui a si mal répondu.

Quant à vous, Monsieur, mille remercimens de votre Complaisance, Eprouvez la mienne à votre tour, elle sera toujours sans bornes, ainsi que l'amitié et l'Estime avec lesquelles je serai toujours M^r vre très h: &c^a

Gamonet