10 xbre 1764
On a parlé au médecin, il a répondu qu'il n'avait point été consulté, qu'il était très sûr par ses correspondances qu'actuellement on se portait bien, mais qu'il ne voudrait pas mettre des rentes viagères sur la tête de la personne en question.
On prend, mes divins anges, d'autres mesures pour être plus exactement informé.
Je vous écrivis le samedi 8 par m. l'abbé Arnauld. De nouvelles provisions pour les emplois comiques étaient dans ma lettre. Je soupçonne violemment m. l'abbé d'avoir égaré les premières. Il doit être si occupé de ses deux gazettes, et si entouré de paperasses, qu'on peut sans injustice le soupçonner d'égarer des paquets. Il a négligé deux paquets qu'on lui avait adressés pour moi. Je vous supplie de lui redemander non seulement la lettre du 8 xbre mais celle de 9bre qu'il pourra retrouver.
Vous savez sans doute que vous avez perdu l'abbé de Condillac, mort de la petite vérole naturelle, et des médecins d'Italie tandis que l'Esculape de Genêve assurait les jours du prince de Parme par l'inoculation. Nous perdons là un bon philosophe, un bon ennemi de la superstition; l'abbé de Condillac meurt et Omer est en vie. Je me flatte qu'il n'aura pas l'impudence de faire de nouveaux réquisitoires contre l'inoculation, après ce qui vient de se passer à Parme. La plupart de vos médecins ne savent que cabaler. Votre Sorbonne est toujours la Sorbonne; je ne dis rien de votre parlement car je suis trop sage.
J'ignore ce qui s'est fait à votre assemblée de pairs, s'il s'est agi des jesuites dont personne ne se soucie, ou d'affaires d'argent après lesquelles tout le monde court grands yeux ouverts, bouche béante.
Le marquis demande quelles feuilles il faut envoyer à m. Pierre pour le prince. Je vous ai déjà dit que cela est au dessous de lui et quod de minimis non curat princeps.
On m'a envoyé un arbitrage fort honnête entre m. de Foncemagne le défenseur du préjugé, et moi pauvre avocat de la raison. Cet arbitrage me donne un peu gain de cause. Je ne serais pas fâché d'avoir cassé quelques doigts à une idole qu'on admirait sans savoir pourquoi.
Mes divins anges conservez moi vos bontés qui font le charme de ma vie.
V.