1755-12-09, de Voltaire [François Marie Arouet] à Jean Robert Tronchin.

Je vois, mon cher Monsieur, par vos dernières lettres que la fin du monde et le jugement dernier ne sont pas encor venus, et puisque les meubles de mr Bachi sont en bont état, tout va bien à Lisbonne.
Tout va certainement bien pour moi, puisque vous avez la bonté de prendre en considération toutes mes petites affaires depuis les billets de Loterie jusqu'aux paquets d'épingles de made Denis. Je ne dirai pas de vous, de minimis non curat Prœtor.

Nous n'avons point entendu parler du baril d'huile ni des bequées de sucre, le tout pesant 150 Livres. Nous allons prier la maison de mr Cathala de nous donner avis du tout à la réception, et de nous en envoyer à Monriond notre petite provision pour l'hiver. Je vous supplie de mettre à son adresse les lettres dont vous voudrez bien me favoriser.

A l'égard des billets de Loterie je vous suplierai, Monsieur, de les garder à votre disposition, comme tout le reste. Nous partons pour Monriond, et nous quittons les environs de Genêve avec douleur.

Bon soir mon très cher correspondent, nous avons dîné presque tous les jours avec des Tronchins. C'est cela qui augmente mes regrets. Nous vous embrassons de tout notre cœur madame Denis et moy.

V.

Madame Denis dit que vous avez raison monsieur pour la moquette verd et citron comme sur tout le reste. C'est pour assortir à meubles verds. Ainsi verd et citron est notre cas, malgré la maxime

Omnis Aristippum décuit color.