à Monriond près de Lausanne 16 Décbre 1755
Je reçois toujours de façon ou d'autre, Monsieur, des marques de vos bontés, et votre amitié me console par tout.
Mr le Bault m'écrit qu'à votre recommandation il m'envoye cent bouteilles de bon vin de Bourgogne: il dit qu'elles sont parties le premier du mois; je vous en remercie; mais vous aurez donc aussi la bonté de les payer en payant les vôtres, et Mr Cathala vous donnera l'argent. Il ne vous en coûtera pas plus de peine pour une lettre de change de mille bouteilles à la fois que pour chaque panier en particulier. Vous étes à la tête de cette belle opération, et vous donnerez à chacun son contingent de bon vin.
Je suis arrivé assez malade à Monriond: il ne fallait pas tant s'écarter des Tronchins; il n'y a point de salut sans eux. Je suis dans mon lit; pardonnez-moi si je ne vous écris pas de ma main. Il y a une chose qui m'intéresse beaucoup plus que le vin de mr le Bault; c'est ce qui regarde Constantinople. Mandezmoi, je vous prie, si vous avez envoyé la lettre et le paquet à Mr d'Argental.
Est-il vrai que les billets de la Loterie gagnent 24 Livres? Voilà une pièce nouvelle qui réussit prodigieusement.
Made Denis et moi nous vous renouvellons les assûrances de la plus tendre amitié: nous en disons autant à made Tronchin et à tout ce qui porte un nom qui nous sera toujours bien cher.
Ne m'oubliez pas mon cher confrère auprès de la tribu Tronchin ny auprès de Mr de Montpérou quand vous le verrez.
Je suis à vous bien tendrement pour ma vie.
V.